5 avril 2013

PUBLICATIONS de deux chercheurs associés du CM2S


Nous avons le plaisir d'annoncer les nouvelles publications de deux chercheuses associées du CM2S:

Leila BOUASRIA, Les ouvrières marocaines en mouvement, Paris: L'Harmattan, 2013

Quand les conditions de travail sont difficiles et que la conciliation entre les deux rôles – à l’usine et à la maison – l’est d’autant plus, le travail de l’ouvrière au lieu de diversifier les pôles identificatoires, les confrontent dans un rapport d’opposition conflictuel. Quand le travail n’est pas prestigieux ou le salaire n’est pas élevé, les stratégies autour desquelles se trament les négociations de rôles se manifestent plus clairement. Si ces ouvrières oeuvrent au nom d’une indépendance économique en partie illusoire parce que leur salaire ne leur assure pas l’autonomie, comment se manifeste donc le changement à travers la négociation de rôles quotidienne ? S’il est clair que cette nouvelle insertion des femmes dans la vie salariale implique un changement, est-ce qu’elle insuffle pour autant une adhésion à de nouvelles représentations sociales ? Comment les ouvrières arrivent-elles à concilier les exigences de leur travail et la préservation d’une identité spécifique ? Il s’agit de comprendre l’étendue de l’impact du travail à l’usine sur les rôles conjugaux, et en quoi ce travail est un facteur de transformation des représentations et des pratiques ? Est-ce qu’il instaure  une nouvelle organisation dans la vie familiale de la femme ouvrière ?


Yasmine BERRIANE, Femmes, associations et politique à Casablanca, Rabat: Ed. Jacques Berque, Maktabat al-Maghreb, Coll. Description du Maghreb, 2013

Ce livre traite des transformations sociales et politiques au Maroc à travers un prisme d’observation particulier : celui des trajectoires de trente femmes devenues dirigeantes d’association dans des quartiers populaires de la ville de Casablanca. Comment ont-elles réussi à s’imposer comme leaders dans un milieu associatif qui, il y a encore quelques années, était un terrain de jeu avant tout masculin ? Assistons-nous aujourd’hui à un renouvellement des élites associatives locales qui se traduirait par l’émergence, sur la sphère publique, de nouvelles catégories d’acteurs sociaux et politiques? Dans quelle mesure ces transformations s’accompagnent-elles d’une reconfiguration, à plusieurs échelles, des rapports de pouvoir ? 
Au lieu de s’inscrire dans une réflexion sur l’éventualité d’une « transition politique » du pays, cette perspective met l’accent sur les multiples recompositions et réajustements observables à l’échelle locale, en montrant l’ambivalence des changements que traverse aujourd’hui le Maroc. Si les trajectoires étudiées indiquent un renouvellement des élites locales et une rupture avec la distribution traditionnelle des rôles entre hommes et femmes, elles passent aussi par une reproduction, voire un renforcement, des rapports de pouvoir qui prédominaient auparavant.